L’accompagnement des jeunes migrants vers l’âge adulte représente un enjeu de taille pour les pays d’accueil. En effet, il s’agit d’élaborer une politique d’accueil combinée à une politique d’accompagnement social pour une intégration véritable. Cela a aussi un coût. Les explications de Sylvie Laroche Armee du Salut.
Le contexte de la migration
Alors qu’en France le nombre de jeunes migrants ne fait qu’augmenter, en Suisse, la fermeture de la route des Balkans et l’isolement accru des frontières ont permis de neutraliser ce mouvement. Bien que n’ayant pas les mêmes conséquences partout, la migration des mineurs non accompagnés pose le problème épineux de leur accompagnement social et professionnel.
En France, le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile prévoit que « l’étranger mineur de 18 ans ne peut faire l’objet ni d’un arrêté d’expulsion ni d’une mesure de reconduite à la frontière ».
Selon Sylvie Laroche Armee du salut, les services sociaux doivent donc les accompagner dans un processus d’intégration professionnelle et sociale durable.
Sylvie Laroche parle des mineurs isolés étrangers
Un mineur isolé étranger ou mineur non accompagné est une personne âgée de moins de 18 ans sans représentant légal sur le sol du pays d’accueil. Ils arrivent en Europe sans leurs parents et se retrouvent à errer. Sylvie Laroche indique que les raisons de leur migration sont diverses : fuite d’une guerre, absence de perspectives d’avenir dans leur pays, la poursuite du rêve occidental ou l’obéissance à une décision familiale.
La sociologue Angélina Étiemble a proposé une typologie de ces jeunes migrants qui est une référence en la matière. Il s’agit de : « les exilés », « les mandatés », « les exploités », « les fugueurs » et « les errants ». Le Conseil de l’Europe évalue entre 4 000 et 5 000 mineurs le nombre de migrants en France par an.
Quelles stratégies d’accompagnement ?
Il a été reconnu nécessaire la mise en place d’un programme de suivi sociopédagogique des migrants allant au-delà de la majorité et éventuellement jusqu’à 25 ans. En effet, c’est seulement à ce moment que le jeune ayant terminé sa formation a acquis les capacités nécessaires pour mener une vie autonome. Ce programme sera d’ailleurs toujours bénéfique dans le cas où les jeunes réintègrent leur pays d’origine ou encore partent rejoindre leur famille dans un autre pays. Le succès de ces plans d’accompagnement social dépend d’un partenariat entre les départements et les autres acteurs tels que les entreprises, L’Éducation nationale ou les services de santé.
L’Agenda Intégration, en vigueur depuis 2019 en Suisse, vise une intégration durable des jeunes migrants. Ainsi, ces jeunes intègrent l’enseignement post-obligatoire et sont suivis pour une intégration sociale linguistique et professionnelle. C’est près de 30 000 jeunes âgés de 16 à 30 ans qui sont concernés. Plusieurs initiatives civiles de soutien sont nées telles que le parrainage en faveur d’enfants, de jeunes ou d’adultes migrants.
Sylvie Laroche Armee du Salut explique que les départements ont élaboré de nouvelles formes d’hébergement, de formation et d’accompagnement pour une meilleure prise en charge de ces mineurs. Certains ont un système d’appartements partagés pour mineurs non accompagnés. Il y a aussi le programme d’accueil par des familles bénévoles qui a été lancé. D’autres initiatives départementales opèrent dans « l’aide à la régularisation administrative » des mineurs étrangers, l’intégration scolaire ou encore l’intégration sociale.