L’affaire Snowden aurait-elle déclenché plus qu’ un raz-de-marée médiatique ? Entre les grandes entreprises technologiques et les autorités américaines, c’est désormais la guerre. Les premières refusent de divulguer des informations concernant leurs utilisateurs quand les secondes en appellent au pouvoir de la justice. Dans cet imbroglio, les usagers apprécient la loyauté des géants du web mais ceux-ci agissent-ils vraiment de manière désintéressée ?
Les raisons d’une bataille
Depuis quelques mois, les affaires se succèdent. En décembre 2013, Microsoft est priée de permettre l’accès aux emails d’un de ses utilisateurs à la justice américaine. La société refuse, arguant que ces données, confidentielles, sont stockées sur un serveur basé en Irlande et qu’en procédant ainsi les États-Unis tentent de contourner les lois européennes. Argument rejeté mais dans l’histoire, Microsoft reçoit le soutien de l’opérateur téléphonique Verizon et de l’Electronic Frontier Foundation et en profite pour écrire une tribune dans le « Wall Street Journal » à l’attention de ses usagers et intitulée : « Nous combattons les fédéraux pour vos e-mails ». Il y a quelques semaines, c’est Facebook qui annonçait avoir fait l’objet d’une demande de la part des autorités concernant le contenu intégral de 381 comptes, et avec pour obligation de ne rien en dire. Libérée de cette clause après le jugement, l’entreprise exige à son tour la restitution des données et se demande si ces méthodes sont bien en règle avec la Constitution Américaine. Dropbox, Google, LinkedIn, Twitter, Foursquare, Kickstarter ou encore Tumblr se joignent au combat.
L’appât du gain
Depuis l’affaire Snowden, il n’y a pas une semaine où l’on n’assiste à un nouveau bras de faire entre ces entreprises et la justice. Elles réclament publiquement une réforme de la surveillance, envoient une lettre ouverte à Barack Obama pour plus de transparence et n’hésitent plus à se battre, si possible de manière très médiatique.
Alors, simple philanthropie ou intérêt bien précis ? Dans ce jeu, les utilisateurs ne sont pas dupes. Ils ont bien compris que les sociétés partagent une peur commune, celle de perdre la confiance de tous, et donc beaucoup d’argent. Et l’affaire de Microsoft et des données irlandaises est révélatrice de leur crainte, quand on sait que tous ces géants ont trouvé à l’étranger un relais de croissance très important, ce qui est aussi le cas pour de nombreuses autres firmes américaines comme Coca-Cola et Ford Motor. Perdre la confiance de ces nouveaux clients qui représentent des milliards serait une catastrophe. Voila même que Mark Zuckerberg n’hésite pas à critiquer publiquement le gouvernement américain lors d’une conférence à San Francisco pour prouver sa loyauté aux usagers. Pourtant, à en croire une étude de « The New America Foundation », toutes ces révélations ont déjà coûté très cher et pourraient bien, en plus d’effrayer les utilisateurs, faire fuir les gouvernements étrangers qui perdent peu à peu toute confiance en les entreprises américaines.